Je ne sais pas si ma fille a lu Dolto, ou plutôt pour être plus juste, si ma fille pense que j'ai lu Dolto, toujours est-il que ce matin elle était toute fière de m'expliquer que ses devoirs d'école avançaient à grands pas.
Elle venait de recopier sa poésie, de plus, comme elle ne savait pas quoi dessiner pour l'illustrer, elle avait déjà fait un brouillon.
La chienne doit lui servir de muse, car c'est sur le mur du couloir, au-dessus de l'emplacement où dort la chienne, qu'Estelle a fait le dessin de sa poésie.
Dans ces situations, je suis toujours amusée de constater le décallage entre l'éducation que je donne à mes enfants, la franchise qu'ils ont en retour envers moi, et l'éducation que j'ai reçue de ma mère avec tous les non-dits qui en ont découlés.
Jamais je n'aurais osé dessiner sur le mur, encore moins expliquer d'un ton badin à mes parents le bien fondé de ce dessin, son utilité scolaire et toute la joie qu'ils doivent en ressentir puisqu'il est directement lié à l'empressement de finir des devoirs de vacances avant dimanche soir.
Pour le moment je n'ai rien, dit, ce dessin semble trop important, je me suis contentée de signaler qu'en général on n'écrit pas sur les murs mais sans préciser pourquoi.
Un jour je lui ferai prendre une gomme, il me faudra du doigté mais c'est irrémédiable, tant pis pour Dolto. Je me dois de faire constater à ma fille que l'art rupestre est ephémère et qu'il est préférable de dessiner sur du papier ... si l'on veut conserver un chef d'oeuvre.